L’ergothérapie au coeur de l’adaptation du logement: une interview de Lylia Naïmi, ergothérapeute chez BelAvie
- Par L'équipe de communication de BelAvie
- 26 décembre 2024
L’ergothérapie est un métier du domaine paramédical qui permet une intervention dans le processus d’adaptation, et de réadaptation sociale de tout type de personne. Dans le cadre de l’adaptation du logement à la perte d’autonomie, l’ergothérapeute a pour rôle de s’assurer de la mise en place d’aménagements adaptés pour les personnes âgées en situation de perte d’autonomie et de mobilité.
Aujourd’hui, Lylia Naimi, ergothérapeute chez BelAvie nous explique son métier, et le rôle de celui-ci dans l’adaptation du logement.
Peux-tu te présenter et nous décrire le métier d'ergothérapeute dans le cadre de l'adaptation du logement ?
Lylia : « Je suis Naimi Lylia, j’ai 22 ans et je suis ergothérapeute chez BelAvie. » « L’ergothérapeute est un professionnel de santé qui se concentre sur la mise en autonomie et en indépendance des personnes en situation de handicap dans leur activité de vie quotidienne. Par exemple, si le loisir d’une personne est de marcher, l’ergothérapeute se concentrera sur les difficultés de la personne à marcher et ainsi pourra établir comment il peut adapter ses recommandations pour que la personne puisse continuer à faire ton activité en toute indépendance. »
« Dans le cadre de l’adaptation du logement, l’ergothérapie est plutôt centrée autour de la réadaptation, qui consiste en le fait d’adapter le logement aux nouveaux besoins, aux capacités et aux incapacités de la personne. Il faut savoir balancer entre ce que la personne veut et ce qu’elle peut avoir, ce qui peut s’avérer parfois compliqué. »
Comment s'est déroulée ton intégration au sein de BelAvie ?
Lylia : « Quand je suis arrivée chez BelAvie, j’étais très stressée au vu d’être le professionnel sur le terrain. C’est pour cette raison que j’avais un peu de pression au début, mais les ergothérapeutes de BelAvie sur le terrain (Manoubia et Florian) m’ont vraiment rassuré et guidé sur les manœuvres à avoir tout au long. Au sein de BelAvie, je me suis sentie à l’aise dès le début avec les collègues, ce qui m’a permis de mieux appréhender ma prise en main des différentes missions. »
Comment te sens-tu avant d'aller en visite chez les bénéficiaires ?
Lylia : « J’ai parfois de l’appréhension à mon arrivée chez les bénéficiaires, notamment concernant le fait de savoir comment je vais être perçue par les résidents. La jeunesse peut représenter un frein parfois pour les bénéficiaires qui estiment que je n’ai pas suffisamment d’expérience dans le domaine. Cependant, lorsque j’arrive physiquement chez des personnes et que je me présente, dans la plupart des cas, ils sont rassurés et accueillants. »
Quels défis as-tu rencontrés lors de tes premières missions ?
Lylia : « Ce que j’appréhendais au début, c’est principalement la relation avec les bénéficiaires, car généralement, les ergothérapeutes font souvent des stages en structure donc sont plutôt confrontés à des patients et non des bénéficiaires. Contrairement aux patients avec lesquels nous pouvons bâtir une relation plus profonde, avec les bénéficiaires, c’est plutôt une relation ponctuelle. De plus, certains cas peuvent être impactant pour les ergothérapeutes. Par exemple, lorsque les bénéficiaires deviennent émotifs.
Cependant, en tant qu’ergothérapeute, il faut savoir s’affirmer et de montrer que sa présence est importante, tout en rassurant les personnes sur leurs situations. Il est important de s’adapter au caractère de la personne face à soi afin que la visite se déroule dans le meilleur des cas. Il est également très important de bien observer l’environnement de la personne ainsi que son état physique pour pouvoir faire un diagnostic global. »
Peux-tu décrire une intervention marquante où tu as senti que ton rôle a fait une différence ?
Lylia : « Il y a 2 cas de figure où les interventions me marquent.
- Premièrement, lorsque je me rends chez des personnes assez jeunes en âge. La situation m’impacte, car d’un point de vue personnel, je m’attends à ce qu’ils ne me prennent pas au sérieux au vu de mon âge. J’ai déjà reçu des critiques d’adolescents ou de jeunes adultes par rapport à ça. De plus, cela m’impacte également, car je me mets plus facilement à leur place pour comprendre ce qu’ils vivent.
- Deuxièmement, lorsque je me rends chez les personnes émotives. Il est très difficile de rester neutre lorsqu’une personne pleure ou se sent mal devant vous, car d’un côté, vous devez garder votre côté professionnel et avancer dans la visite tout en étant compréhensif. C’est ce degré d’empathie qui est difficile à avoir, mais avec l’habitude et l’expérience, les ergothérapeutes l’ont plus facilement. »
Quels conseils donnerais-tu à un(e) ergothérapeute qui envisage de travailler dans l'adaptation du logement à la perte d'autonomie ?
Lylia : « Si je devais donner des conseils à un ergothérapeute qui souhaite entreprendre des missions d’adaptation du logement, je dirais :
- Acheter un carnet et noter : c’est très important, car pendant la visite, les ergothérapeutes doivent prendre des notes, faire des plans, ce qui servira pour la rédaction des rapports à envoyer aux bénéficiaires pour validation. Il est utile également de noter les différents besoins des bénéficiaires et ce qu’ils souhaitent afin de pouvoir les confronter aux différentes préconisations lors de la rédaction des rapports. Tout cela est nécessaire lors de la validation des devis pour l’envoi aux financeurs. C’est également nécessaire pour pouvoir rentrer en contact avec l’entourage des bénéficiaires et l’écosystème des acteurs de l’aménagement du logement.
- Ne pas se laisser submerger par le stress : je sais que c’est plus facile à dire qu’à appliquer, mais c’est très important, car si l’ergothérapeute stresse, le bénéficiaire va également stresser, surtout lors de situations périlleuses. Il faut savoir garder son calme et agir face à la situation. Il est primordial d’avoir confiance en ses capacités, et si vous n’êtes pas sûr, il suffit de vérifier et de s’assurer de la véracité des propos. Les bénéficiaires cherchent principalement à être rassurés.
- Préparer sa visite en amont : assurez-vous de l’exactitude des informations personnelles des bénéficiaires présentes sur le rapport avant d’aller sur place. Ces informations sont importantes au niveau du financement et de l’analyse du devis. De même, lorsque vous appelez les bénéficiaires au téléphone, il faut poser certaines questions pour s’assurer de certaines informations : si la personne habite dans une maison un appartement, le type d’adaptation souhaité ou envisagée… »
Quelles sont les compétences à avoir pour exercer le métier d'ergothérapeute ?
Lylia : « Les compétences à avoir sont :
- L’organisation : je pense que cette compétence est essentielle dans n’importe quel métier, mais surtout en ergothérapie, car il y a une grande charge de travail qu’il faut anticiper en avance, notamment par rapport au nombre de visites et de rapports à rédiger. Il faut anticiper les temps de trajets, le temps de la visite et le temps de rédaction du rapport.
- L’anticipation des besoins de la personne : il est important d’évaluer les besoins et conditions actuelles et futures de la personne. Il est donc important de bien consulter les données médicales. Certaines maladies telles que les maladies progressives ou dégénératives doivent être prises en compte lors de la constitution du rapport pour pouvoir anticiper de potentiels aménagements futurs.
- L’empathie : comme dans plusieurs métiers du paramédical, il est important d’avoir de l’empathie envers la condition du bénéficiaire. Ceux-ci veulent se sentir compris et aidés, accompagnés dans leur projet. Il est donc important d’être à leur écoute afin de mieux comprendre leurs besoins.
- L’adaptation à la personne : en effet, en tant qu’ergothérapeute, il faut également s’adapter à la personnalité du bénéficiaire, mais également aux différents autres acteurs impliqués dans le processus. En effet, il peut arriver que les ergothérapeutes doivent réaliser des visites conjointes avec des artisans du bâtiment. Il faut donc s’adapter aux différents interlocuteurs.
- L’assurance : il faut être sûr de soi pour rassurer les bénéficiaires lors de la visite et mieux les guider dans leurs projets. »